[Leveling the Playing Field of Death]
En avril 2015, Médecins pour une responsabilité sociale (PSR) [organisation antinucléaire basée à Washington], a publié une étude qui fera date, concluant que le nombre de morts dus aux 10 ans de la Guerre contre la terreur lancée depuis les attaques du 11 septembre 2001 est d’au moins 1,3 million, et pourrait même atteindre 2 millions. Néanmoins, Nafiz Ahmed – directeur de l’Institute for Policy Research and Development de Brighton – conteste ce chiffre, écrivant que les guerres menées par l’Occident depuis 1990 ont causé la mort de 4 millions, voire plus, de musulmans.
Il semble que l’Empire massacre les musulmans avec plus d’entrain que les autres religions. Pourquoi cela? Il se pourrait qu’il y ait, dans le cerveau malade de l’Empire, deux façons de voir concurrentes : la vision des économistes, peu soucieuse de l’environnement, recherchant une croissance sans fin, nataliste, et celle des écologistes, plus tournée vers l’environnement, malthusienne et préconisant le contrôle des naissances.
Les économistes néo-classiques mettent la croissance sans fin au-dessus de tout, la plupart d’entre eux sont des natalistes, promouvant toujours avec la même passion une production et une reproduction de plus en plus rapide de tout. Ce sont eux qui inspirent les programmes universitaires d’économie aux États-Unis, ainsi que les institutions financières de Wall Street qui utilisent le gouvernement de Washington comme courroie de transmission. On pourrait donc avoir d’excellentes raisons de penser qu’ils dominent l’Empire. Mais le natalisme et le contrôle des naissances sont en fait les deux faces de la même pièce, alors comment les réconcilier?
Julian Simon, un théoricien cornucopien [économiste qui fait confiance à la corne d’abondance de la technologie pour régler les problèmes de pénurie dus à l’augmentation de la population et de la consommation, NdT] plaide, dans son livre, The Ultimate Ressource, pour une croissance débridée de la population mondiale, qui aurait pour avantage un nombre toujours plus grand de cerveaux, ce qu’il appelle la ressource ultime. Il explique que la Terre peut nourrir une population en pleine croissance pour encore 4 milliards d’années – l’âge actuel de notre planète. Mais l’Empire ne semble pas vouloir suivre ces recommandations.
S’opposant à ces visions de croissance infinie, l’écologiste et démographe Paul Ehrlich écrivit dans les années 60 The Population Bomb, un livre dans lequel il prédisait une énorme famine, due à la surpopulation. Cela ne s’est pas réalisé, grâce à la révolution verte (des engrais produits par l’industrie chimique pour des monocultures intensives et non vivrières). Les pays développés ont alors critiqué les pays en voie de développement, les accusant de mettre la planète en danger à cause de leur taux de fécondité élevé. Et ceux-ci ont rétorqué que les pays développés épuisaient la planète à cause de leur consommation trop élevée, qui dépassait de loin leur consommation, calculée par tête, ou en globalité. Les pays développés n’ayant aucun argument valable à opposer, le débat sur la population fut abandonné. Depuis, le sujet du contrôle des naissance est devenu tabou, lié qu’il est aux idées d’ethnocentrisme, d’hypocrisie et à ce parfum discret d’eugénisme.
Mais l’Empire revint sur le sujet dans les années 1970. La Commission trilatérale dirigée par Rockefeller, avec son plan baptisé Nouvel Ordre Mondial, proposa de réduire la population mondiale à seulement 1 milliard d’êtres humains, qui porteraient des implants émetteurs, comme le bétail et les animaux domestiques, et qui seraient contrôlés par une confrérie secrète de grands banquiers. Selon le producteur de films Aaron Russo, qui a notamment réalisé un documentaire sur le sujet en 2007, ils le reconnaissent ouvertement. Apparemment, la Trilatérale penche du côté des écologistes, et non des économistes. Oups!
Maintenant, si nous supposons que la Trilatérale est l’actuelle et secrète classe dirigeante de l’Empire (prouvez-moi le contraire!), cela expliquerait ce Programme d’extermination des musulmans. Voyez-vous, selon les projections établies par la Fondation Pew, en pourcentage, seuls les musulmans progressent parmi les croyants. En 2050 les musulmans passeront de 23,4 à 29,7 % de la population mondiale. Le nombre de chrétiens, d’hindous et autres croyants restera constant ou baissera. Il semble que les musulmans aient le taux de fécondité le plus élevé : 3,1 enfants par femme. Cela sans oublier que certaines ramifications de l’islam, comme ce fameux État islamique, ont pour principe de massacrer les infidèles, aggravant encore le ratio. Aussi les non-musulmans sont-ils handicapés dans cette course à la croissance démographique.
Et c’est là qu’arrivent ces psychopathes de néoconservateurs qui dirigent la diplomatie américaine. On aurait pu croire que le milliard d’êtres humains laissés en vie par le Nouvel ordre mondial serait essentiellement composé de musulmans – mais c’était sans compter l’Empire. Les pères fondateurs des États-Unis étaient surtout des déistes, ils étaient inflexibles quant à la séparation entre l’église et l’État, mais cela fait longtemps qu’ils sont morts. Aujourd’hui, les chrétiens fondamentalistes qui dominent le Parti républicain ont réussi à faire sauter ce mur. Ne connaissant pas grand chose sur aucun sujet, ils disent que ces fondateurs, disparus depuis longtemps, voulaient certainement créer un État chrétien. Et donc il incombe aux néoconservateurs, chrétiens et juifs sionistes, de tout faire pour remettre les compteurs à zéro entre les religions, et pour que eux, chrétiens et juifs, soient la majorité parmi le milliard qui survivra quand le Nouvel ordre mondial sera mis en place.
Voici quel a dû être leur raisonnement : selon toute logique, le camp qui a la plus forte population au départ gagnera. L’objectif du gouvernement est de créer un marché libre pour les idées – ses idées, de préférence. Ensuite, le gouvernement américain, agissant en tant que gendarme du monde et ultime arbitre du jeu, décide que l’islam a un avantage exagéré dans la compétition démographique, à cause de sa fécondité, sans parler de cette habitude de tuer les infidèles. Et c’est ainsi qu’on a massacré 4 millions de musulmans depuis 1990, en toute bonne conscience.
Bien sûr, personne parmi les 1,6 milliard de musulmans dans le monde n’est d’accord avec ce plan, nombreux sont ceux qui ont juré de venger la mort de leurs coreligionnaires. Cette idée folle d’éliminer les musulmans va aboutir à un terrible choc en retour. Il est possible d’imaginer des modes de coexistence pacifiques entre musulmans, chrétiens et athées – tous modérés et conservateurs – dans un même État. Regardez par exemple le Tatarstan d’aujourd’hui, la Bachkirie et les autres républiques musulmanes de la Fédération de Russie. Mais les États-Unis cornaqués par les néoconservateurs, et leurs apprentis en Europe, ont gaspillé leurs chances de participer à cette vie paisible et prospère. Au contraire, ils se sont lancés sur la voie de l’intolérance, de l’extrémisme et du revanchisme. Cette stratégie ne peut qu’être perdante, criminelle et, pour le dire le plus calmement possible, radicalement stupide.
Gary Flomenhoft
Traduit par Ludovic, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone