mardi 5 avril 2016

Les 150 liens forts: Une voie vers un avenir différent

Le capitalisme créatif, le capitalisme éthique, le capitalisme altruiste, le capitalisme naturel, le capitalisme vert, le capitalisme distribué et démocratique. Le capitalisme 2.0 ?

Le capitalisme est livré avec un pot-pourri de préfixes aux doux parfums, qui tous présument que le capitalisme a quelque chose de mauvais en soi. Nous entendons couramment quelques autres suffixes comme le capitalisme de copinage ou le capitalisme débridé, qui suggèrent que nous ne l’exploitons pas correctement.

Peut-être est-ce le capitalisme de Boucle d’or dont nous avons besoin ? Pas trop méchant, avec juste la bonne quantité de bonne volonté et de charité, une dose mesurée de régulation étatique, un filet de sécurité – pas trop grand et pas trop petit, et le reste laissé au libre marché ?

Ou est-ce que le capitalisme est vraiment le capitalisme dans le contexte où les gens sont vraiment eux-même? Le système oscille entre les pôles du libertarisme et de la démocratie sociale en fonction de l’évolution des marées de l’opinion des électeurs. Certains capitalistes ont plus de sentiments pour leurs frères humains que d’autres, alors qu’il y en a toujours d’avides, d’égoïstes qui rôdent pour se payer sur le dos du reste d’entre nous, et certaines tendances sont inévitables selon la structure d’incitation inhérente au système.

Ce dernier point est important. Les résultats ont tendance à être inévitables selon la structure d’incitation d’exploitation, qui sert de point de départ pour un livre que j’ai écrit récemment, intitulé Les 150 liens forts : Une voie vers un avenir différent, publié par ClubOrlov Press. Au cours des prochaines semaines, il sera mis en ligne sur Renegade Inc, avec la présentation d’extraits.

Sur le thème des incitations, le livre commence par une note de l’auteur :
Ce livre a commencé comme une réponse à l’utilisation du mot durabilité, un concept auquel je suis devenu connecté à travers ma formation en ingénierie de développement durable : la conception et l’intégration de pratiques respectueuses de l’environnement dans le commerce et l’industrie. Il est basé sur des principes tels que ceux-ci :

Lorsque l’on coupe un arbre, il faut en planter un nouveau.

Nous devrions essayer d’utiliser les déchets d’un processus comme une ressource pour une autre.

Les pollueurs doivent supporter les coûts de leurs actions.

Toutes ces idées semblent bonnes et logiques. Mais il y a un problème assez important à essayer de travailler de cette façon, parce que le contexte plus large dans lequel ces efforts sont actuellement déployés, les réduit à une farce : notre système économique actuel, qui encourage une accumulation à court terme de profit financier, est fondamentalement incompatible avec la durabilité. Faire de tels efforts équivaut, pour utiliser une expression colorée, à péter contre la foudre.

Cela ne veut pas dire que le profit est en soi une chose négative. La création d’un excédent financier, dans son expression la plus sincère, pourrait être assimilée à une gestion de père de famille, prudente et efficace. Mais si la nature doit nous servir de modèle, nous pouvons alors voir que notre approche actuelle du profit est devenue problématique.

L’accumulation d’un excédent est un processus naturel : une plante accumule de l’énergie excédentaire et des nutriments pour être en mesure de porter ses fruits ; un ours polaire accumule un excédent sous la forme de graisse dans son corps qui lui permet de survivre à l’hiver ; et nos ancêtres chasseurs-cueilleurs recueillaient un surplus de nourriture afin d’être en mesure de survivre dans les périodes difficiles. Mais dans la poursuite monomaniaque du profit où nous sommes engagés à l’heure actuelle, cela a peu à voir avec un comportement naturel et fait preuve de peu de sensibilité à la complexité des systèmes environnementaux et sociaux qui nous soutiennent.

La raison peut en être déduite d’une formule simple :

Profit = Revenus – Dépenses

Nous pouvons y voir que le motif du profit et le motif de durabilité sont diamétralement opposés. Si les initiatives de durabilité devaient vraiment réussir au-delà des royaumes d’étroites initiatives telles que la réduction des déchets et la mise en place de nouvelles technologies, elles se traduiraient par moins de revenus (en raison d’une consommation réduite) et plus de dépenses (en raison du coût des mesures d’atténuation), conduisant à une baisse des bénéfices.

Cette relation inverse entre le profit et la durabilité est extrêmement importante, et c’est le point de départ approprié à tout effort pour faire face à nos problèmes environnementaux à grande échelle. Pourtant, il est presque universellement ignoré dans les milieux officiels, et les efforts politiques pour régler les problèmes de durabilité ne lui donnent presque aucune couverture médiatique.
[…]

Dans notre façon actuelle de faire les choses, le conflit entre le profit et la durabilité est résolu par la réglementation, à laquelle tous doivent se conformer avec certaines règles qui nuisent un peu à la rentabilité, en évitant les pire dommages. Et, en effet, cette approche a produit de nombreux bons résultats : l’air est plus propre à Los Angeles, les poissons sont de retour dans la Tamise [à Londres, NdT], et de nombreuses et grandes surfaces de terrains non aménagées ont été protégées, comme les parcs nationaux. Mais, pour de nombreuses raisons, c’est une approche viciée : elle ne gère pas bien la complexité ; elle se décompose quand il y a des lois différentes dans des différents pays ; elle ne fonctionne que quand il y a un contexte social qui permet que la loi soit prise en compte et appliquée.

Dès que l’on essaie de remédier à ces problèmes, la durabilité devient un sujet inapprochable : pour y faire face à un niveau supérieur, il faut tenir compte du contexte économique et social sous-jacent, qui est tabou. Néanmoins, il y a une discussion ouverte dans les médias sur ce sujet, y compris une réponse positive au livre de Naomi Klein : Cela change tout: Capitalisme contre Climat (2014), et de plus en plus, il semble que la nécessité d’envisager des alternatives à notre système actuel est en passe d’être reconnue.

Ce livre a commencé comme une réponse à l’utilisation du mot durabilité, un concept auquel je suis devenu connecté à travers ma formation en ingénierie de développement durable : la conception et l’intégration de pratiques respectueuses de l’environnement dans le commerce et l’industrie. Il est basé sur des principes tels que ceux-ci :

Lorsque l’on coupe un arbre, il faut en planter un nouveau.

Nous devrions essayer d’utiliser les déchets d’un processus comme une ressource pour une autre.

Les pollueurs doivent supporter les coûts de leurs actions.

Toutes ces idées semblent bonnes et logiques. Mais il y a un problème assez important à essayer de travailler de cette façon, parce que le contexte plus large dans lequel ces efforts sont actuellement déployés, les réduit à une farce : notre système économique actuel, qui encourage une accumulation à court terme de profit financier, est fondamentalement incompatible avec la durabilité. Faire de tels efforts équivaut, pour utiliser une expression colorée, à péter contre la foudre.

Cela ne veut pas dire que le profit est en soi une chose négative. La création d’un excédent financier, dans son expression la plus sincère, pourrait être assimilée à une gestion de père de famille, prudente et efficace. Mais si la nature doit nous servir de modèle, nous pouvons alors voir que notre approche actuelle du profit est devenue problématique.

L’accumulation d’un excédent est un processus naturel : une plante accumule de l’énergie excédentaire et des nutriments pour être en mesure de porter ses fruits ; un ours polaire accumule un excédent sous la forme de graisse dans son corps qui lui permet de survivre à l’hiver ; et nos ancêtres chasseurs-cueilleurs recueillaient un surplus de nourriture afin d’être en mesure de survivre dans les périodes difficiles. Mais dans la poursuite monomaniaque du profit où nous sommes engagés à l’heure actuelle, cela a peu à voir avec un comportement naturel et fait preuve de peu de sensibilité à la complexité des systèmes environnementaux et sociaux qui nous soutiennent.

La raison peut en être déduite d’une formule simple :

Profit = Revenus – Dépenses

Nous pouvons y voir que le motif du profit et le motif de durabilité sont diamétralement opposés. Si les initiatives de durabilité devaient vraiment réussir au-delà des royaumes d’étroites initiatives telles que la réduction des déchets et la mise en place de nouvelles technologies, elles se traduiraient par moins de revenus (en raison d’une consommation réduite) et plus de dépenses (en raison du coût des mesures d’atténuation), conduisant à une baisse des bénéfices.

Cette relation inverse entre le profit et la durabilité est extrêmement importante, et c’est le point de départ approprié à tout effort pour faire face à nos problèmes environnementaux à grande échelle. Pourtant, il est presque universellement ignoré dans les milieux officiels, et les efforts politiques pour régler les problèmes de durabilité ne lui donnent presque aucune couverture médiatique.
[…]

Dans notre façon actuelle de faire les choses, le conflit entre le profit et la durabilité est résolu par la réglementation, à laquelle tous doivent se conformer avec certaines règles qui nuisent un peu à la rentabilité, en évitant les pire dommages. Et, en effet, cette approche a produit de nombreux bons résultats : l’air est plus propre à Los Angeles, les poissons sont de retour dans la Tamise [à Londres, NdT], et de nombreuses et grandes surfaces de terrains non aménagées ont été protégées, comme les parcs nationaux. Mais, pour de nombreuses raisons, c’est une approche viciée : elle ne gère pas bien la complexité ; elle se décompose quand il y a des lois différentes dans des différents pays ; elle ne fonctionne que quand il y a un contexte social qui permet que la loi soit prise en compte et appliquée.

Dès que l’on essaie de remédier à ces problèmes, la durabilité devient un sujet inapprochable : pour y faire face à un niveau supérieur, il faut tenir compte du contexte économique et social sous-jacent, qui est tabou. Néanmoins, il y a une discussion ouverte dans les médias sur ce sujet, y compris une réponse positive au livre de Naomi Klein : Cela change tout: Capitalisme contre Climat (2014), et de plus en plus, il semble que la nécessité d’envisager des alternatives à notre système actuel est en passe d’être reconnue.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone